mercredi 19 septembre 2012

SYMBOLISME ÉSOTÉRIQUE des Francs-Maçons & des Roses+Croix


Une étude globale du symbolisme graphique demanderait la rédaction d’un gros livre. Sachant que ce genre de production n’intéresse qu’un public restreint, autorisez-moi à réduire mon exposé à l’explication d’un seul symbole : celui de l’étoile à six branches ou sceau de Salomon.

Il est suffisamment connu pour que chacun en ait entendu parler autant par l’Abbé Constant dit Eliphas Levy (1810-1875), dans ses ouvrages tel le « Dogme et rituel de Haute Magie » que dans un centre d’ésotérisme comme les Martinistes, les Théosophes et Rosicruciens ou encore dans les ouvrages bien connus de Fulcanelli (1839- ?) et surtout ceux d’Eugène Canseliet (1899-1982).

Cette étoile à six branches livre des valeurs initiatiques tellement universelles qu’elle permet une extrapolation à divers symboles et justifie pleinement d'être la représentante de l'esprit général du symbolisme. Cela est d'autant plus pertinent qu'elle est le symbole le plus prégnant du Grand Œuvre des alchimistes...

Afin d’éviter toute méprise, je rappelle que la Rose+Croix dont il est question dans le titre de cet article n’est pas un groupe particulier déclaré en qualité d’association.

Les deux seuls « Ordres » très secrets dignes de ce nom, et indépendants l’un de l’autre ne sont déclarés nulle part. Ils sont formés d’individus de toutes les nations, éveillés et clairs voyants, ayant une grande envergure mystique.

L’un se trouvais en Europe centrale et l’autre en Mauritanie (ayant probablement changé de lieu depuis la naissance de la République islamique). Ces derniers furent pendant longtemps les gardiens des bibliothèques du désert dont l’union Européenne commence à se préoccuper, mais dont les traductions se feront aux calendes grecques. Je vais donc me référer ici aux données Européennes.

Au début du XIXe siècle il n’y avait que quelques hommes vivants très isolés et n’ayant qu’un tout petit cercle d’élèves qui aient, dans le secret le plus absolu, continué l’antique savoir.

Ils existaient depuis longtemps. Une personnalité connue sous le nom de Paracelse et une autre moins connue sous le nom de Perillos, sont entrées, durant leurs voyages en contact avec des solitaires de ce genre qui leur ont appris bien des choses qu’il élaborèrent ensuite grâce à une faculté intérieure. C’est ainsi que Paracelse bâtit une œuvre immortelle et de plus en plus actuelle et Perillos une dynastie de Raimond (roi du monde) méridionale issue d’un centre initiatique d’où sortaient les « corbeaux » du massif des Corbières s’étendant de Narbonne à l’Est de Perpignan.

Le sceau de Salomon, où étoile à six branches est constitué, comme chacun le sait, avec deux triangles entrelacés. En alchimie c’est le grand arcane ou le sel du salut, constituant le sceau rouge d’Hermès.

Le sceau de Salomon des Francs-Maçons.


 

En Maçonnerie le compas va rencontrer l’équerre pour constituer cette étoile à six branches. Dans ce cas les pointes du compas sont dirigées vers le bas et l’équerre repose sur son angle, et s’ouvre vers le haut.

Je vous passe, chers amis, toute la symbolique spéculative, fort logique et matérialiste au demeurant, qui peut agrémenter l’interprétation « neuronique » de ces deux outils. Ils sont utilisés par beaucoup de corps de métiers, allant du dessinateur industriel (avant la venue de l’informatique) en passant par le menuisier, le charpentier, l’ébéniste, l’ajusteur et le maçon sans omettre le plus important qui est le jardinier ou les branches du compas sont virtuelles…

Je voudrais ajouter pour mémoire que 4 équerres forment un carré ou cadrant d’horloge dont le compas constitue les aiguilles. C’est la mise en évidence du facteur temporel si bien compris par André Breton qui fit graver sur sa tombe du cimetière des Batignolles : « Je cherche l’or du temps. » 

Oui, l’or loge dans la connaissance des bio-cycles qui montrent qu’ils ne sont pas un éternel recommencement mais une perpétuelle perfection.

Tel est le sens de la spirale que trace notre terre dans le cosmos en se déplaçant avec le soleil dans les infinis constellés. Spirale que l’on retrouve en double exemplaire dans la molécule d’ADN qui transmet le message biologique à travers le temps. Tout cela répond à la « loi secrète » qu’invoquait le grand initié Wolfgang Goethe.

Si nous considérons, avec Jules Boucher, que les degrés de l’ouverture du compas se rapportent aux secteurs de « connaissances » nous voila avec des correspondances théoriques, mécaniques, pourrait-on dire, et surtout surréalistes puisqu’elles sont directement proportionnelles aux degrés hiérarchiques des frères de la Loge, ainsi par exemple l’ouverture à 45° se rapporte au 8e degré. Cette particularité me laisse perplexe quant à la crédibilité d’un pareil système en accointance avec la pensée comptable, matérialiste alors que nous sommes, en maçonnerie, dans une société à vocation spirituelle.

Quelle plus grande erreur, dans la schématisation, de croire qu’en étant esclave d’un système « fraternel » nous puissions avancer autrement qu’en somnambule en état hypnotique profond, inconscient, et coupé de tout ?

Poursuivons dans la spéculation symbolique. Ainsi nous apprenons que l’angle de 90° reproduit l’équerre qui est le symbole de la matière et le compas représente l’Esprit et son pouvoir sur la matière.

Nous apprenons également que le compas, ouvert à 45 °, indique que la matière n’est pas complètement dominée (le mot « dominée » jette un froid dans mon échine !), tandis que l’ouverture à 90° réalise intégralement l’équilibre entre les deux forces ; Le compas devient alors « Équerre juste ». Admirez au passage l’exercice de rhétorique pour l’édification spirituelle des sages apprentis ! Passons…

En lisant cela j’ai l’impression que l’homme est considéré comme un être que l’on peut mesurer à l’aune des marchands de vins (in vino véritas).

Ainsi passons-nous de l’équerre au compas puis du compas à l’équerre… quelle acrobatie...

J’ai les yeux qui se brouillent et ma tête bourdonne devant des informations vides de sens pour la connaissance de l’esprit. Avaler ce métal pour devenir un initié est au-dessus de ma compréhension et de mes compétences. Je sais, comme l’on dit, que j’en tiens une sacrée couche, mais tout de même !

Revenons à nos deux outils. Ils sont disposés à l’Est sur l’autel en formant le sceau de Salomon dit "ouvert", car constitué par deux angles et non deux triangles.

Si l’équerre est placée sur les deux branches du compas, cela signifie que la matière domine l’esprit, ce qui caractérise les apprentis.

Si l’équerre est entrecroisée avec le compas (une branche dessus l’autre dessous) comme au grade de Compagnon, matière et esprit s’équilibrent, ce qui veut dire sincérité et discernement...

Au grand de maître enfin, l’équerre est sous le compas, l’esprit domine la matière surtout si le compas est ouvert de plus de 45°.

Ainsi est fait le rapport avec deux X accolés et le monogramme de la Vierge et de la Sainte Famille.

Vous avez compris sans que j’insiste d’avantage qu’il est possible de voir des tas de choses y compris le « AUM » hindou.

« Or, à ce degré, le récipiendaire est censé ignorer encore, symboliquement, l’usage du compas ; celui-ci figurant l’Esprit on a voulu signifier par là qu’au-dessus du sentiment (le cœur) il convient de placer non pas la raison, sèche et froide, mais bien l’Esprit initiatique dans toute sa transcendance. »

Que voila un discours fait de mots convaincants, comme l’homélie d’un curé conditionné par 14 ans de grand et petit séminaire. Nous sommes confrontés à la raison sèche et froide dont tout ce discours est fait ! Et puis, on nous parle de la transcendance de l’Esprit initiatique. C’est quoi ça l’Esprit initiatique ? La quatrième voie de Gurdjief ? Un bourrage de crâne ? Un Arcana arcanarum ?

Ça me rappelle mes lecture des livres de Piobb, Papus et Wirth... Je n’ai pas réussi à le comprendre en lisant ces ouvrages depuis plus de trente ans (épisodiquement il est vrai) et bien d’autres encore, notamment ceux d’Oswald Wirth.

Tout juste si j’ai saisi une sorte de moralisme. Je voudrais savoir (je ne plaisante pas) ce qu’il y a sous ce terme initiation, au-delà des mots évidemment, et au-delà de l’apprentissage matérialiste des symboles et donc sur le plan mystique et fondamentalement spirituel. Ce n’est pas une provocation, c’est une interrogation sérieuse dépourvue de toute inimitié. Et surtout ne répondez pas comme les moines quand on les interroge sur la manière d’enseigner la mystique dans leur monastère. Ils vous disent invariablement : « Faites-vous moine » ! Ben, voyons…

Pour l’instant je me range à l’opinion charitable de Marius Lepage :
« La Franc-maçonnerie, société initiatique traditionnelle, a été dénaturée par l’infiltration en son sein d’éléments qui ne possèdent aucune des qualifications spirituelles requises pour devenir d’authentiques initiés. »


Cette dénaturation devenue au fil du temps ubuesque, transformèrent les frères et les officiers de Loge en pantins conditionnés et sapin de noël enguirlandés.

Que signifie cette intolérable dérive vers la supercherie au point de jeter aux orties le Grand Architecte de l’Univers ?

C’est tout simplement une destruction jusqu’au plus bas niveau qui est parvenue à ce terme dramatique ou l’initiation est devenue un colifichet. La restauration est une entreprise impossible et inutile, car nous sommes au point ou le faux fait office de vérité. Ainsi le dit sans ambages le prélat et alchimiste Synésius (v.370 - v.414) : « Le peuple se moquera toujours de vérités simples : il a besoin d’impostures… »

Je connais des petits malins qui gagnent leur vie sur le mensonge. Impossible de le leur reprocher puisque leurs pigeons sont de mèche et que le mensonge bien enrobé se vend beaucoup mieux que la vérité !

Croyez, chers maçons, à ma réelle sincérité dépourvue de mauvais esprit, et soyez sûr que lorsque la logique abstraite, celle qui fait des exposés sur les symboles a pris le dessus, l’antique connaissance spirituelle cesse de progresser.

Après ce que je viens de vous raconter, vous avez le droit d’exiger des explications. Elles arrivent !

Le sceau de Salomon des Roses+Croix. 


Une immense sagesse s’est conservée depuis les temps anciens. Dans une petite communauté de l’Europe centrale se donnait, comme je l’ai dit, un enseignement très précis.

On pouvait observer en ce lieu comment un maître véritable et accompli expliquait à ses élèves qu’au premier abord on ne pouvait rien tirer des symboles antiques de formes géométriques comme celui du sceau de Salomon en formation, avant que les deux triangles ne s’interpénètrent pour former l’étoile à six branches.

Dans la tradition hébraïque, ces triangles étaient ornés de mots à chacun des six angles. Je ne vous parlerais pas des envolées lyriques et amphigouriques à propos de ces mots traduits par nos docteurs es Kabbale !

Pour le triangle au sommet dirigé vers le haut on lit à un angle de sa base La lumière et à l’autre : se répand. Au sommet on peut lire: vers le haut. 

Pour le triangle au sommet dirigé vers le bas on peut lire aux angles de sa base : La pesanteur et pèse. Sur le sommet :vers le bas. Somme toute rien de plus banal.

Je rappelle que ces deux triangles sont en instance d’interpénétration, et l’ensemble ressemble plus au schéma d’un sablier qu’à celui d’une étoile. Mais l’équerre avec le compas le reproduit fort bien, ce qui montre l’existence d’un ancien savoir oublié en rapport étroit avec ce que je vais vous dire.

Le maître expliquait à ses élèves motivés l’inanité de l’interprétation symbolique de ce graphique. Ainsi comprenaient-ils, grâce à cet enseignement que ce que dit Eliphas Lévi, et ce que raconte la Franc-maçonnerie actuelle n’est que pur verbiage. Pourquoi ? Parce qu’ils apprenaient qu’on ne découvre le sens exact de ces symboles qu’en les retrouvant dans la nature humaine.

Cette figure jouait un grand rôle (il le jouait encore au XIXe siècle). C’est la raison pour laquelle il était fréquemment représenté dans les fêtes chrétiennes sous le prétexte de l’origine judéo-chrétienne des catholiques alors qu’en réalité ils sont Égypto-chrétiens, ce qui donne une prépondérance culturelle, et une profonde légitimité, au courant maçonnique christique de Memphis-Misraim.

Dans cette petite communauté d’Europe, le maître faisait prendre à ses élèves une attitude précise : il leur faisait adopter une posture qui pour ainsi dire reproduisait ce symbole : il leur faisait écarter les jambes et lever les bras. En prolongeant les lignes des bras vers le bas, et celle des jambes vers le haut, les quatre lignes ainsi obtenues apparaissaient dans l'organisme humain. Cette ligne réunissait les pieds, celle-là, les mains en haut ; les deux autres étaient saisis par la conscience comme de véritables lignes de force ; en même temps l'élève se rendait compte que les courants en quelque sorte électromagnétique passaient de l'extrémité des doigts de la main gauche à ceux de la droite, ainsi que du pied gauche au pied droit, si bien que les deux triangles emboîtés l'un dans l'autre étaient inscrits dans l'espace par l'organisme humain lui-même.

Ensuite l'élève devait apprendre à ressentir ce que contiennent ces mots : « La lumière se répand vers le haut, et la pesanteur tend vers le bas ». Ils devaient l’éprouver au cours d'une profonde méditation faite dans la posture que je viens de décrire. La pratique régulière de cet exercice permettait de tenir immobile les bras levés durant plus d’une heure sans ressentir la moindre fatigue.

Peu à peu le maître arrivait à pouvoir leur dire : maintenant vous allez faire une expérience qui a toujours été pratiquée dans les anciens mystères. Et ils faisaient l'expérience vivante et réelle de la moelle présente dans les os de leurs bras et de leurs jambes ; ils se sentaient vivre dans l'intérieur de leurs os.

La raison de cet exercice est que l'homme quand il se borne à la pensée devenue au cours des temps la pensée courante, quand il se borne à une pensée purement abstraite, il reste extérieur, étranger, pour ainsi dire, à lui-même.

C'est exactement le contraire qui se produit quand surgit la conscience de l'intérieur des os. Soyez-en sur, on ne comprend pas grand-chose à l'ésotérisme si l'on ignore que l'homme fait l'expérience de la pensée au moyen de la connaissance intérieure, de la sensation intérieure de son squelette. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce n'est pas avec son cerveau, mais en réalité avec son squelette que l'on pense, quand la pensée suit des lignes rigoureuses.

En ce lieu, nous comprenons mieux le sens du « G » au sein de l'étoile Flamboyante des F. M. et pourquoi il nous parle de géométrie. Alors de grâce ne faites plus de gribouillis sur vos insignifiantes planches à tracer qui ne sont que des plans sur la comète ! Comprenez-vous enfin le sens profond, vivant, de la loi d’analogie?

Quand la pensée devient concrète, elle pénètre dans l'homme tout entier. Mais les élèves de ce maître allaient plus loin encore et apprenaient à ressentir l'intérieur même des os. Ils ont ainsi réalisé une dernière fois l'expérience vivante fréquemment pratiquée dans les écoles antiques de mystères : vivre le symbole, en transformant en symbole leur propre organisme. Car ce n'est qu'ainsi qu'on peut ressentir et vivre réellement le symbole -- vouloir expliquer un symbole est quelque chose d'absurde, et toutes les spéculations raffinées sur les symboles sont absolument dénuées de sens. L'attitude juste à leur égard consiste à les réaliser et ainsi à les vivre et donc les saisir réellement.

Naturellement pour les temps modernes, on a tort d’étudier les six mots écrits en hébreux donnés aux angles du sceau de Salomon, dont j'ai parlé précédemment. N'étant pas de notre langue maternelle ils ne sont pas tout à fait compris, et l'homme actuel n’en est pas intérieurement vivifié. Dans ce cas d'une formulation hébraïque de ces textes, il est impossible de vivre le symbole, qui est ainsi détruit, disloqué ; c'est comme si on lui avait brisé les os. Et c'est aussi ce qui arrive, spirituellement bien sûr, quand on prend au sérieux des ouvrages comme ceux d’Eliphas Levi ou des manuels de symbolique maçonnique ou rosicrucienne. C’est pour en avoir soupé pendant trente ans d’immobilisme désespérant que j’ai pu enfin comprendre !

Par ailleurs, signalons en passant tout les inconvénients d'une Messe célébrée en Latin.

Merci en ce lieu aux dieux générateurs de la providence que vous pouvez appeler en toute quiétude "synchronicité".

Ces élèves dont je parle apprenaient donc à connaître l'intérieur de leurs os. Mais quand on commence à faire cette expérience vivante de l'intérieur des os, on est plus dans l'homme. Si vous teniez votre index à 40 cm devant votre nez, et que vous le considérez comme un objet quelconque, cet objet ne serait plus en vous ; ce dont vous faites ainsi expérience en l'intérieur de vos os n'est pas davantage en vous -- vous allez vers l'intérieur, mais vous sortez de vous-même– ous sortez vraiment de vous-même.

Et sortir ainsi de soi-même, aller vers les dieux, aller dans le monde spirituel, c'est ce que les Élèves de cette petite école ignorée apprenaient à comprendre grâce à ce symbole ; car il leur révélait les lignes qui furent tracées par les dieux pour constituer le monde, et celles qui du côté des hommes, et à travers eux, conduisent aux dieux.

Alors, le maître condensait l'expérience vécue par les élèves en une phrase paradoxale qui naturellement paraîtrait risible à bien des hommes d'aujourd'hui mais qui -- vous le reconnaîtrez d'après ce que je viens de dire -- contient une profonde vérité :

Regarde le squelette,
Et tu verras la mort.
Regarde à l’intérieur des os,
Et tu verras celui qui éveille,
Celui qui éveille l'homme à l'esprit,
L’être qui relie l'homme au monde des dieux.

Saisissez le sens de la substantifique moelle de Rabelais... "Et son éclat de rire énorme est un des gouffres de l'esprit" (Victor Hugo)


Qui est Baphomet ?


Baphomet est un personnage énigmatique à tête de bouc auquel on fait plusieurs occurrences dans l’Histoire de l’occultisme. Des chevaliers Templiers du Moyen-âge et des Francs-Maçons du XIXème siècle aux courants modernes de l’occultisme, Baphomet n’a jamais manqué de créer la controverse.

Mais d’où Baphomet tire t-il son origine, et, plus important encore, quelle est la vraie signification de cette figure symbolique ?

Cet article examine les origines de Baphomet, sa signification ésotérique et les références qu’on lui fait dans la culture populaire.

À travers l’Histoire de l’occultisme occidental, le nom mystérieux de Baphomet a souvent été invoqué. Même si ce nom devint connu du commun au treizième siècle, on trouve des références à Baphomet dans des documents qui ne datent pas moins du onzième siècle.

Aujourd’hui, le symbole est associé à tout ce qui a trait à l’occultisme, aux rituels de magie, à la sorcellerie, au satanisme et à l’ésotérique. Baphomet surgit souvent dans la culture populaire pour identifier quoi que ce soit d’occulte.

Le portrait le plus célèbre de Baphomet se trouve dans Dogmes et rituels de la Haute Magie, d’Eliphas Lévi, un livre de 1897 qui devint une référence classique de l’occultisme moderne. Que représente cette créature ? Quelle est la signification des symboles qui l’entourent ? Pourquoi est-elle si importante à l’occultisme ?

Pour répondre à certaines de ces questions, nous devons premièrement regarder ses origines. Nous examinerons en premier lieu l’histoire de Baphomet et à plusieurs exemples de références à Baphomet dans la culture populaire.

Les Origines de son nom



Il y a plusieurs théories concernant les origines du nom « Baphomet ». L’explication la plus répandue prétend que c’est une corruption du vieux français désignant le prophète de l’Islam (Muhammad, latinisé en « Mahomet »).

Durant les croisades, les chevaliers Templiers restèrent pour des périodes prolongées dans les pays du Moyen-Orient où ils ont eu connaissance des enseignements du mysticisme arabe. Ce contact avec des civilisations orientales leur a permis de ramener en Europe les bases de ce qui deviendra plus tard l’occultisme occidental, ce qui inclut le gnosticisme, l’alchimie, la Kabbale et l’Hermétisme.

L’affinité des Templiers avec les musulmans a conduit l’Église à les accuser de vénérer une idole appelée Baphomet, donc il y a des liens possibles entre Baphomet et Mahomet. Cependant, il existe d’autres théories à propos de l’origine de ce nom.

Eliphas Lévi, l’occultiste français qui a fait cette fameuse description de Baphomet, avança l’argument que le nom dérivait d’un code cabalistique : 

« Le nom Templier Baphomet, qui devrait être cabalistiquement écrit à l’envers, est composé de trois abréviations : Tem. Ohp. AB. : templi omnium hominum pacts abbas, « le père du temple de la paix entre les Hommes. »

Arkon Daraul, un auteur et professeur de tradition et de pratique magique soufie, prétendait que Baphomet venait du mot arabe Abu fihama(t), ce qui signifie « le père de la Compréhension ».

Le Dr. Hugh Schonfield, dont les travaux sur les parchemins de la mer Morte sont bien connus, a développé une des théories les plus intéressantes. Schonfield, qui a étudié un code secret juif appelé le code d’Atbash, qui était utilisé lors de la traduction de certains des parchemins de la mer Morte, prétendait que lorsqu’un s’appliquait au mot « Baphomet », il renvoyait au mot grec « Sophia », qui signifie « sagesse, connaissance » et qui est aussi synonyme de « déesse ».

Origines Possibles de la Représentation


L’image moderne de Baphomet semble prendre racines dans plusieurs sources antiques, mais d’abord dans les dieux païens. Baphomet affiche une ressemblance à des dieux présents tout autour du globe, dont l’Égypte, l’Europe du Nord et l’Inde.

En fait, un grand nombre de mythologies de civilisations anciennes comprennent un genre de déité cornue. Selon la théorie jungienne, Baphomet est la continuation de l’archétype du dieu cornu, étant donné que le concept d’une déité surmontée de cornes est présente universellement dans le psychisme de l’individu.

Est-ce que Cernunnos, Pan, Hathor, le Diable (représenté par les Chrétiens) et Baphomet ont une origine commune. Certains de leurs attributs présentent une ressemblance frappante.


L’ancien dieu celte Cernunnos est traditionnellement représenté avec des bois sur la tête, assis dans la « position du Lotus », pareillement à la description de Baphomet par Lévi. Bien que l’histoire de Cernunnos soit entourée de mystère, on a l’habitude de dire qu’il est le dieu de la nature et de la fertilité.


En Grand-Bretagne, une version de Cernunnos se nommait Herne. Le dieu cornu avait les caractéristiques satyriques de Baphomet, tout comme cette insistance sur le phallus.


Pan était un dieu important en Grèce. Le dieu de la nature était en général représenté avec des cornes sur la tête et le bas du corps d’un bouc. A l’instar de Cernunnos, Pan était une déité phallique. Ses attributs animaux sont une incarnation des instincts charnels et procréatifs de l’homme.


« Le pape Sylvestre II et le Diable » (1460). Dans la Christianisme, le diable a des caractéristiques similaires aux dieux païens décrits ci-dessus, vu qu’ils sont la principale inspiration pour ces descriptions. Les attributs incarnés par ces dieux devinrent une représentation de ce qui est considéré comme le Mal par l’Église.


La carte du Diable dans le tarot de Marseille (XVème siècle). Cette description du diable, avec ses cornes, ses ailes, ses seins et son signe de la main est assurément une influence majeure dans le description de Baphomet par Lévi.

Robin Good-Fellow [littérallement « Bon-Compagnon », ndlr] ou le Puck est une fée de la mythologie censée être la personnification des esprits de la terre. Possédant plusieurs attributs de Baphomet et d’autres déités, il est ici montré sur la couverture d’un livre de 1629, entouré de sorcières.


"Le grand Bouc" ou le "Sabbat des sorcières" de 1821, par Goya. La peinture représente une assemblée de sorcières rassemblées autour de Satan, dépeint comme un être mi-homme mi-bouc.


Une figure ressemblant à Baphomet sur la cathédrale Notre-Dame de Paris, qui fut à l’origine bâtie par les chevaliers Templiers.

Le Baphomet d’Eliphas Lévi

Cette description de Baphomet par Elivas Lévi, tirée de son livre Dogmes et rituels de la Haute-Magie, est devenue la représentation visuelle « officielle » de Baphomet.

En 1861, l’occultiste français Eliphas Lévi inclut dans son livre « Dogmes et rituels de la Haute-Magie » un dessin qui allait devenir la plus célèbre représentation de Baphomet : un bouc humanoïde ailée avec une paire de seins et une torche sur la tête, entre les cornes.

Le personnage affiche de nombreuses similarités avec les déités décrites ci-dessus. Cela inclut aussi plusieurs autres symboles ésotériques faisant référence à des concepts ésotériques incarnés par le Baphomet. Dans la préface de son livre, Lévi a écrit :

« Le bouc sur le frontispice porte le signe du pentagramme sur son front, avec un point en son sommet, un symbole de lumière, ses deux mains formant le signe de l’Hermétisme, l’une pointant la lune blanche de Chesed, l’autre pointant la lune noire de Geburah. Ce signe exprime la parfaite harmonie de la compassion avec la justice. Son premier bras est féminin, l’autre masculin comme ceux de l’androgyne de Khunrath, les attributs de celui auquel nous devions nous lier avec ceux de notre bouc parce qu’il est un seul et même symbole. La flamme de l’intelligence brillante entre ses cornes est la lumière magique de la lumière de l’équilibre universel, l’image de l’âme élevée au-dessus de la matière, comme la flamme qui, bien qu’attachée à la matière, brille au-dessus d’elle. La tête laide de la bête exprime l’horreur du pécheur, dont l’agissement matériel, la partie entièrement responsable, doit supporter exclusivement la punition ; car l’âme de par sa nature est insensible et peut uniquement souffrir lorsque elle se matérialise. La canne qui se dresse à la place des organes génitaux représente la vie éternelle, le corps recouvert d’écailles l’eau, le demi-cercle au-dessus l’atmosphère, les plumes qui volent ce qui est volatile. L’humanité est représentée par les deux seins et les deux bras androgynes de ce sphinx des sciences occultes. »

Dans la description de Lévi, Baphomet incarne le point culminant du processus alchimique – l’union de forces opposées afin de créer la Lumière Astrale – la base de la magie, et, au final, de l’illumination.

Un regard approfondi sur l’image nous révèle que chaque symbole est inévitablement équilibré avec son opposé. Baphomet lui-même est un personnage androgyne qui porte les caractéristiques des deux sexes : les seins de la femme, le pénis en érection représenté par la canne. Le concept d’androgénisme tient une place importante dans la philosophie occulte car il est représentatif du plus haut niveau d’initiation dans la quête du « devenir un avec Dieu ».

Le phallus de Baphomet est en fait le Caducée d’Hermès – une baguette entremêlée de deux serpents. Cet ancien symbole a représenté l’Hermétisme pendant des siècles. Le Caducée représente ésotériquement l’activation des chakras de la base de la colonne vertébrale à la glande pinéale.

Le caducée comme symbole de l’activation des chakras



« La Science n’est réelle que pour ceux qui admettent et comprennent la philosophie et la religion ; et son processus ne réussira que pour l’adepte qui a atteint la souveraineté de la volonté, et qui devient ainsi le Roi du monde élémentaire : pour le grand agent de l’opération du Soleil, cette force décrite dans le Symbole d’Hermès, de la table d’émeraude : c’est le pouvoir magique universel ; le pouvoir spirituel, la force motrice rougeoyante ; il s’agit du Od selon les Hébreux, et la Lumière Astrale, selon les autres.



Là-dedans se trouve le feu secret, vivant et philosophique, duquel parlent tous les philosophes Hermétiques avec une réserve mystérieuse : la Graine Universelle, de laquelle ils gardaient le secret, et qu’ils représentaient seulement sous les traits du Caducée d’Hermès. »


Baphomet est donc symbolique du Grand Œuvre alchimique où les forces séparées et opposées sont unies dans un équilibre parfait pour générer de la Lumière Astrale. Le procédé alchimique est représenté sur l’image de Lévi par les termes Solve et Coagula, sur les bras de Baphomet. Même s’ils donnent séparément des résultats opposés, Solve (du latin solvere : « dissoudre, désagréger », c’est-à-dire transformer un solide en liquide) et Coagula (c’est-à-dire transformer un liquide en solide) sont deux étapes nécessaires du processus alchimique – qui vise à transformer une pierre en or, ou, en termes ésotériques, transformer un profane en un homme illuminé. Les deux étapes sont inscrites pointant des directions différentes, ce qui renforce encore plus leur nature différente.

Les mains de Baphomet forment le « signe de l’Hermétisme » – qui est une représentation de l’axiome hermétique « Là haut comme ici-bas », un dicton qui résume entièrement les enseignements et objectifs de l’Hermétisme, où le microcosme (l’homme) est comme le macrocosme (l’univers). Par conséquent, comprendre l’un équivaut à comprendre l’autre. Cette Loi de Correspondance a pour origine les Tablettes d’Emeraude d’Hermès Trismégiste où il est écrit :

« Ce qui est Ici-bas correspond à ce qui est Là-haut, et ce qui est Là-haut correspond à ce qui est Ici-bas, pour accomplir les miracles de l’Unique. »


La maîtrise de cette force vitale, la Vie Astrale, est ce qui est appelé "magick" par les occultistes modernes.

La carte de tarot du Bateleur, qui montre l’axiome Hermétique « Là-haut comme Ici-bas ».

La pratique de la magie – qu’elle soit blanche ou noire – dépend de l’habilité de l’utilisateur à contrôler la force vitale universelle – celle qu’Eliphas Lévi appelle le grand agent magique ou la lumière astrale. Par la manipulation de cette essence fluide se produisent les phénomènes de transcendantalisme. Le fameux bouc hermaphrodite de Mendès était une créature composite créée pour symboliser la lumière astrale. Il est identique à Baphomet, membre du panthéon mystique des ces disciples de magie cérémonielle, les Templiers, qui l’ont probablement obtenu des Arabes.

Chacune des mains de Baphomet indique des lunes opposées, que Lévi a appelées Chesed et Geburah – deux concepts opposés de la Kabbale juive. Dans l’Arbre de la Vie cabalistique, le Sephiroth, Chesed est associé avec la "gentillesse donnée aux autres" tandis que Geburah se réfère à « la retenue de l’empressement de quelqu’un à accorder sa bonté aux autres, quand le récipient de ce bien est jugé sans valeur et susceptible d’en faire mauvaise utilisation ». Ces deux concepts sont opposés et, comme avec tout dans la vie, un équilibre doit être trouvé entre les deux.

La caractéristique la plus remarquable de Baphomet est bien sûr sa tête de bouc. Cette monstrueuse représente la nature animale et pécheresse de l’homme, ses tendances égoïstes et ses bas instincts. Opposé à la nature spirituelle de l’Homme (symbolisée par la « lumière divine » sur sa tête), ce côté animal est malgré tout vu comme une part essentielle de la nature dualiste de l’Homme, où l’animal et le spirituel doivent s’unir dans l’harmonie. On pourrait aussi dire que l’apparence d’ensemble de Baphomet, grotesque, peut servir à repousser et à dégoûter le profane qui n’est pas initié à la signification ésotérique du symbole.

Dans les Sociétés Secrètes

Bien que la description de Lévi en 1861 soit la plus célèbre, le nom de cette idole a circulé pendant plus d’un milliers d’années à travers les sociétés secrètes et les cercles occultes. La première mention connue de Baphomet en tant que partie d’un rituel occulte apparut durant l’ère des chevaliers du Temple.

Les Chevaliers du Temple


Baphomet présidant un rituel Templier, par Léo Taxil

Il est largement admis parmi les chercheurs de l’occulte que la figure de Baphomet était d’une grande importance dans les rituels des chevaliers Templiers. La première occurrence du nom « Baphomet » apparut dans une lettre de 1098 écrite par le croisé Ansèlme de Ribemont :

« Alors que le jour se levait, ils en ont appelé à Baphometh de vive voix alors que nous priions silencieusement Dieu en nos cœurs ; ensuite nous avons attaqué et les avons tous sortis de force hors des enceintes de la ville. »


Lors du procès des Templiers en 1307, où les chevaliers furent torturés et interrogés sur ordre du roi Philippe IV, le nom « Baphomet » fut mentionné plusieurs fois. Alors que certains Templiers niaient l’existence de Baphomet, d’autres l’ont décrit comme étant une tête coupée, un chat ou une tête à trois visages.

« Les Templiers adoraient-ils Baphomet ? Offrirent-ils une salutation honteuse aux fesses du grand bouc de Mendès ? Quelle était en réalité cette secrète et puissante association qui mettaient en péril l’Église et l’État, et qui fut ainsi détruite sans bruit ? Ne jugez rien à la légère ; ils sont coupables d’un grand crime ; ils ont exposé à des yeux profanes le sanctuaire de l’ancienne initiation. Ils se sont à nouveau rassemblés et ont partagé les fruits de l’arbre de la connaissance, et ainsi ils pourraient devenir les maîtres du monde. Le jugement prononcé contre eux est plus haut et bien plus vieux que le tribunal du pape ou celui du roi. 

« Le jour où tu mangeras de cela, tu mourras certainement »
a dit Dieu Lui-même, cela est écrit dans le Livre de la Genèse.(…) 

Oui, ceci est notre conviction profonde, les Grands Maîtres de l’Ordre des Templiers ont vénéré le Baphomet, et pour cela ils furent vénérés par leurs initiés ; oui, il existait dans le passé, et peut-être encore à présent, des assemblées qui sont présidées par ce personnage, assis sur un trône et possédant une torche entre les cornes. Mais les adorateurs ne considèrent pas, comme nous le considérons, que c’est une représentation du diable : au contraire pour eux il s’agit du dieu Pan, le dieu de nos écoles modernes de philosophie, le dieu de l’école théurgique d’Alexandre et de nos propres néo-platoniciens, le dieu de Lamartine et de Victor Cousin, le dieu de Spinoza et Platon, le dieu des forces gnostiques primitives ; aussi le Christ du clergé dissident. Cette dernière qualification, écrite sur le bouc de la Magie Noire, n’étonnera pas les étudiants des antiquités religieuses, qui sont familiers avec les phases de symbolisme et de doctrines dans leurs transformations variées, que ce soit en Égypte, en Inde ou en Judée...

Franc-Maçonnerie



Peu après la sortie de l’illustration de Lévi, le journaliste et écrivain français Léo Taxil a publié une série de livres et de pamphlets dénonçant la franc-maçonnerie, en accusant les Loges de vénérer le diable. Au centre de ses accusations se trouvait Baphomet, qui fut décrit comme l’objet de vénération de la franc-maçonnerie.

"Les mystères de la franc-maçonnerie" accusait les francs-maçons de satanisme et de vénérer le diable. Le livre de Lévi souleva la colère des catholiques.


La couverture du livre « les mystères de la franc-maçonnerie » dépeignant un rituel maçonnique présidé par Baphomet, qui se fait littéralement adorer.

 

Une image anti-maçonnique par le publicitaire Abel Clarin de la Rive, 1894.

En 1897, après avoir causé pas mal de remous suite à ses révélations sur la franc-maçonnerie française, Léo Taxil a organisé une conférence de presse où il annonça que beaucoup de ses révélations étaient des inventions.

Dès lors, cette série d’évènements fut surnommée "le canular Léo Taxil ". Cependant, certains prétendront qu’il y avait une probabilité que les confessions de Taxil furent forcées, dans le but d’étouffer la controverse impliquant la franc-maçonnerie.

Quelle que soit la réponse, la connexion la plus évidente entre Baphomet et la franc-maçonnerie se fait à travers le symbolisme, où l’idole devient une allégorie pour de profonds concepts ésotériques. L’auteur maçonnique Albert Pike argumente que, dans la franc-maçonnerie, Baphomet n’est pas un objet d’adoration, mais un symbole, dont le véritable sens n’est révélé qu’aux initiés de niveau supérieur.

Il est absurde de supposer que des hommes d’intellect adoraient une idole monstrueuse appelée Baphomet, ou qu’ils reconnurent Baphomet comme un prophète inspiré. Leur symbolisme, inventé des lustres auparavant, pour dissimuler ce qu’il était dangereux d’avouer, était bien sûr mal compris de ceux qui n’étaient pas initiés, et pour leurs ennemis ils semblaient panthéistes. 

Le veau d’or, fabriqué par Aaron pour les Israëlites, n’était qu’un des bœufs sous la couche de bronze, et les Keroubim [les anges] du Propitiatoire, mal compris. Les symboles du sage deviennent toujours les idoles de la masse ignorante. Ce que les Chefs de l’Ordre ont réellement cru et enseigné, est indiqué aux Adeptes via les indices que comportent les hauts-degrés de la franc-maçonnerie, et via les symboles que seuls les Adeptes comprennent.

Aleister Crowley

L’occultiste britannique Aleister Crowley naquit environ six mois après la mort d’Eliphas Lévi, ce qui le poussa à croire qu’il était sa réincarnation.

Crowley était connu à l’intérieur de l’O.T.O., la société secrète qu’il a popularisée, comme « Baphomet » en partie pour cette raison.

Une image signée « Baphomet » par Crowley

Voici l’explication de Crowley à propos de l’étymologie du nom « Baphomet », tirée de son livre de 1929, Les Confessions d’Aleister Crowley.

« J’avais pris le nom Baphomet comme devise à l’O.T.O. Pendant plus de six ans, j’avais essayé de découvrir la manière adéquate d’épeler ce nom. Je savais que ça devait avoir huit lettres, et aussi que les correspondances numériques et littérales devaient être telles qu’elles exprimeraient la signification du nom de manière à confirmer quelle érudition l’avait découverte, et aussi pour éclaircir ces problèmes que les archéologues avaient tant échoué à résoudre… Une théorie sur le nom, c’est qu’il représente les mots ???? ??????; le baptisme de la sagesse ; une autre, que c’est la corruption d’un titre signifiant « Père Mithras ». Inutile de dire que le suffixe R soutenait cette dernière théorie. J’ai additionné le mot comme prononcé par le Sorcier. Ça faisait 729. Ce nombre n’était jamais apparu dans mon œuvre cabbalistique et par conséquent ne signifiait rien pour moi. Il se justifiait cependant comme le cube de neuf. Le mot ?????, le titre mystique donné au Christ par Pierre comme en tant que pierre angulaire de l’Église, a cette même valeur. Jusque là, le Sorcier avait fait preuve de grandes qualités ! Il avait éclairci le problème étymologique et montré pourquoi les Templiers avait dû donner le nom de Baphomet à leur soi-disant idole. Baphomet était Père Mithras, la pierre cubique qui était l’angle du Temple. »

Baphomet est une figure importante de la Théléma, le système mystique qu’il a établi au début du XXème siècle. Dans l’une de ses œuvres les plus importantes, Magick, Liber ABA, Livre 4, Crowley décrit Baphomet comme un androgyne divin :

« Le Diable n’existe pas. C’est une invention des Frères Noirs pour impliquer une Uniter dans leur fouillis de divagations ignorantes. Un diable qui aurait l’unité serait un Dieu… « Le Diable » est, historiquement, le Dieu de tous les gens qu’on déteste personnellement… Ce serpent, SATAN, n’est pas l’ennemi de l’Homme, mais celui qui a fait de notre race des Dieux, connaissant le Bien du Mal ; il nous a fait cette offre : « connais-toi Toi-même ! » et nous a enseigné l’Initiation. Il est le « Diable » du Livre de Thot, et Son emblème est Baphomet, l’androgyne qui est le hiéroglyphe de la perfection ésotérique… Il est donc la Vie, et l’Amour, de plus sa lettre est ayin, l’Œil, pour cela il est la Lumière ; et son image zodiacale est le Capricorne, cette chèvre bondissante dont l’attribut est la Liberté. »

L’Ecclesia Gnostica Catholica, branche ésotérique de l’Ordo Templi Orientis, (O.T.O), récite sa Messe Gnôstique : « Et je crois en le Serpent et le Lion, Mystère des Mystères, dans son nom BAPHOMET. »

Baphomet est considéré comme l’union du Chaos et de Babalone, l’énergie masculine et féminine, le phallus et le ventre.

L’Église de Satan


Bien qu’elle ne soit pas officiellement une société secrète, l’Église de Satan d’Anton Lavey reste un ordre occulte influent. Fondée en 1966, l’organisation a adopté le « Sigil de Baphomet » comme son insigne officiel.

Le sigil de Baphomet, symbole officiel de l’Église de Satan, représente le bouc de Mendès dans un pentagramme inversé.

Le sigil de Baphomet a probablement été grandement inspiré par cette illustration de La Clef de la Magie Noire, de Stanislas de Guaita.


Illustrations de La Clef de la Magie Noire (1897)

Selon Anton LaVey, les Templiers vénéraient Baphomet en tant que symbole de Satan. Baphomet tient une place prépondérante durant les rituels de l’Église de Satan puisque le symbole est placé au-dessus de l’autel ritualistique.

« Le symbole de Baphomet était utilisé par les Chevaliers Templiers pour représenter Satan. A travers les âges le symbole a été appelé par différents noms. Parmi eux, citons : le Bouc de Mendès, le Bouc du Milliers de Jeunes, le Bouc Noir, le Bouc de Judas, et peut-être le plus approprié : le Bouc-émissaire.

Baphomet représente les Pouvoirs des Ténèbres alliés avec la fertilité génératrice du bouc. Dans sa « pure » forme, le pentagramme est montré en train d’inclure la figure d’un homme dans les cinq points d’une étoile – trois points en haut, deux en bas – ce qui symbolise la nature spirituel de l’Homme. Dans le Satanisme le pentagramme est aussi utilisé, mais puisque le Satanisme représente les instincts charnels de l’Homme, soit l’opposé de sa nature spirituelle, le pentagramme est inversé afin de s’adapter parfaitement à la tête du bouc – ses cornes, représentant la dualité, dressées vers le haut en signe de défi ; les autres points étant inversés, soit la trinité reniée. Les signes hébreux hors du cercle extérieur du symbole qui prend ses racines dans les enseignements de la kabbale, épellent « Léviathan », le serpent de l’abysse d’eau, et identifié à Satan. Ces signes correspondent aux cinq points de l’étoile inversée. »

Dans la Culture Populaire

Principalement grâce à l’influence d’Aleister Crowley et d’Anton Lavey sur la culture populaire, des références à Baphomet peuvent être trouvées partout dans cette culture. Dans certains cas, avec les groupes de heavy-metal par exemple, les références sont plutôt claires et sans équivoque – ces groupes sont loin de dissimuler l’influence de ces écoles d’occultisme sur leur imagerie. Voici quelques exemples :


Le groupe de death-metal "Behemoth" – pochette de "Zos kia Cultus"


Le groupe de death-metal The Black Dahlia Murder – pochette de l’album "Ritual"


Marilyn Manson – pochette de l’album Anti-Christ superstar


Rammstein’s Pussy fait référence à l’androgynéité de Baphomet. Le second mec en partant de la droite fait aussi le signe du « Là-haut comme ici-bas »

Dans le culture « mainstream » (la culture des majors) de la pop, les références sont beaucoup plus vagues et dissimulées. Destinée à un plus jeune public, les références existent mais probablement pas reconnues et comprises consciemment par la plupart des auditeurs. En voici des exemples :


Lady GaGa


La chanteuse pop Kerli


Pochette de l’album « Baphomet », par Kiishi

Beaucoup de références plus obscures peuvent être trouvées par ceux « qui ont des yeux pour le voir »… 

En Conclusion

Baphomet est un personnage composite symbolique de la réalisation alchimique par l’union de forces opposées.

Les occultistes croient qu’à travers la maîtrise des forces vitales, on est capable de réalisé de la « magick » et l’illumination spirituelle. La description de Baphomet par Eliphas Lévi comprenait plusieurs symboles faisant allusion à l’éveil du koundalini – le pouvoir qui serpente – qui conduit au bout du compte à l’éveil de la glande pinéale, aussi connue en tant que « troisième œil ». Donc, d’un point de vue ésotérique, Baphomet représente ce processus.

Cependant, au cours du temps, le symbole en est venu à signifier bien plus que son sens ésotérique initial.

A travers les controverses, Baphomet devint, selon les points de vue, une représentation de tout ce qui est bon dans l’occultisme ou de tout ce qui est maléfique dans l’occultisme. C’est, en fait, le « bouc-émissaire » suprême, le visage de la sorcellerie, de la magie noire et du Satanisme.

Le fait que le symbole soit plutôt monstrueux et grotesque a sûrement aidé à le propulser à son niveau d’infamie, car il n’a jamais manqué de choquer les religions officielles tout en attirant ceux qui se rebellent contre elles.

Puisqu’il a gagné une reconnaissance toujours plus large dans la culture populaire, l’image de Baphomet est maintenant utilisée comme symbole de tout ce qui concerner l’occultisme et le ritualisme.

Dans les mass-médias possédées par les corporations, qui ont des liens avec les sociétés secrètes, le personnage de Baphomet apparaît dans des endroits étranges, souvent destinés à une audience trop jeune pour comprendre la référence occulte (le site-frère de Secret Arcana, Vigilant Citizen, possède des documents sur les occurrences de Baphomet et d’autres symboles occultes dans les clips, les films et la mode). Est-ce que Baphomet est utilisé dans la culture pop comme un symbole de l’élite éclairée sur les masses ignorantes ?!!!

Après des siècles de mythes, de canulars, de propagande et de désinformation des deux côtés du rideau, peut-on vraiment répondre à la question posée par cet article : « qui est Baphomet ? » Est-ce un symbole du diable ou d’illumination spirituelle ? Un symbole du bien ou du mal ?

La réponse se trouve dans le symbole lui-même : les deux. Dans la mythologie Égyptienne, Toth Hermès était une force médiatrice entre le bien et le mal, s’assurant qu’aucune n’ait de victoire définitive sur l’autre. Baphomet représente l’accomplissement de cette tâche prodigieuse à une très petite échelle : à l’intérieur de soi. Une fois que l’équilibre parfait est atteint d’un point de vue personnel, l’initié à occultisme peut pointer une main en direction du paradis et une autre en direction de la terre et prononcer cet axiome hermétique qui a résonné à travers les millénaires : « là-haut comme ici-bas ». 

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